L'exclusion sociale : définition

L'exclusion sociale n'est pas toujours là où on l'imagine. Qui parle d'exclusion doit parler d'inclusion ! L'exclusion englobe trop de situations différentes pour être simplement définie. Mais comment définir son contraire, l'inclusion ? L'inclusion pourrait être définie comme l'insertion, un cadrage social. Justement, le mot insertion signifie "sertir dedans". Pour mettre dans un échange ceux et celles qui n'y sont plus, on parle souvent de "réinsertion" pour souligner la perte puis la ré-acquisition de cette situation sociale.

Exclusion sociale: le chômage mais pas seulement

On considère souvent que l'insertion, c'est le fait d'avoir un travail stable et régulier pour produire une richesse pour la société mais avant tout pour le travailleur. Cette pensée est façonnée par la révolution industrielle. La perte de son travail semble évidemment un facteur important de l'exclusion.

L'exclusion correspond à la perte de son travail (de façon plus ou moins irrémédiable) ou à l'absence de travail. Cela peut même signifier pour certains un manque de culture, de formation ou de connaissances qui permettent d'accéder à un emploi. Il faut pourtant distinguer exclusion, chômage et misère. Les exclus de la société aujourd'hui ne sont pas les pauvres d'hier ni les demandeurs d'emploi : leurs situations sont en effet plus complexes et contiennent davantage de malheurs. Les exclus ne forment pas une classe homogène, comme la classe ouvrière exploitée d'autrefois.

L'exclusion n'est pas l'exploitation de l'homme par l'homme et ne résulte pas de la production capitaliste. On ne peut donc pas défiler dans la rue avec le slogan "Non à l'exclusion !" car il n'y aurait aucun interlocuteur pour y répondre. L'exclusion est un phénomène de société et peut concerner chacun d'entre nous.« Le problème du XIXe siècle, c'était l'exploitation. Celui de la fin [du XXe siècle], c'est l'exclusion. À la limite, les travailleurs sont en trop. »Paul Ricœur

Les exclus de la société

L'Asile psychiatrique a disparu et des structures externalisées comme l'hôpital de jour, les centres d'accueil et de crise l'ont remplacé. Les malades chroniques ne sont plus enfermés et ne sont peut-être ainsi plus contraints de végéter enfermés pour leur vie. Les malades sont souvent violents, ont subi eux-mêmes des violences, sont souvent alcoolisés et en mauvaise santé physique et psychique. Il n'est pas rare qu'ils présentent des plaies, des pansements oubliés ou encore des ulcères. Sans-abri, sans logement, et encore sans solution...

Lieux interdits pour les exclus

Les exclus deviennent invisibles aux yeux de la société au point de ne plus profiter d'éventuelles consultations chez le médecin. En se rendant dans une salle d'attente, ils feraient peut-être fuir la salle. Pour les mêmes raisons, les exclus de la société sont aussi exclus de lieux comme les cafés, les restaurants, les aéroports, le métro ou encore les cinémas ou les jardins publics.

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Tout se passe comme s'ils étaient invisibles. Leur laideur est en contradiction avec le paraître si important de nos jours.

Représentation du corps chez les exclus

Chez les exclus, la représentation du corps s'atténue et peut disparaître. Les exclus peuvent ne plus avoir conscience de l'état de délabrement qu'ils ont atteint. A force de ne pas exister aux yeux des autres, ils n'existent plus à leurs propres yeux.Les jeunes gens qui errent dans les villes avec leurs chiens sont devenus courants aujourd'hui. Leur désir d'affection peut se reporter sur le chien plutôt que sur eux-mêmes. Le chien remplace en quelque sorte le corps. Au SAMU social, il arrive que ces jeunes gens demandent de l'aide parce que le chien tousse. N'arrivant pas à exprimer leurs propres problèmes, ils l'expriment en le reportant sur l'animal. Par ailleurs, le chien peut être pour eux un moyen de défense : éloigner ceux qui représentent un danger.

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La toxicomanie par voie intraveineuse semble plutôt moderne. La toxicomanie a pu se diffuser à grande échelle, sans contrôle, avec l'apparition de la seringue à usage unique, des drogues comme produits pharmacologiques, etc. Les anciennes sociétés utilisaient parfois des drogues ou l'alcool mais il s'agissait de phénomènes sociaux reconnus et encadrés lors de rites pleins de sens. Solitaire, le toxicomane moderne a perdu ce sens. De plus, il ne comprend pas toujours le fonctionnement de son corps, les comportements alimentaires ou sexuels de son propre organisme. La représentation du corps est, ici encore, un atout essentiel pour le maintien du corps physique.

Espace et temps sans repères des exclus

Les exclus de la société n'ont souvent aucune attache au temps : tous les jours se ressemblent, ternes. Sans travail ni projets, le temps des exclus ne s'inscrit pas dans le temps de la société. Les exclus ne s'investissent pas dans le futur qui ressemblera certainement à leur passé. Ils ne comprennent pas le temps. L'espérance du lendemain n'existe pas puisque ce lendemain sera identique au triste jour d'aujourd'hui, on s'en doute. Un rendez-vous dans l'avenir n'a guère de sens, hors du temps.Un exclus pourra trouver un travail, petit certes, mais qui demande tout de même une certaine assiduité. Il est probable qu'au bout de quelques jours, il ne vienne malheureusement plus. L'exclus vit un présent perpétuel sans donner du sens à l'avenir. Sans capacité à se projeter dans l'avenir, l'exclus sent intuitivement que le futur ne promet rien de meilleur. Il vit ici et maintenant, « quand c'est toujours dimanche » (Florent Pagny).

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Salvador DALI – Montre Molle

De plus, la notion d'espace perd du sens. Si l'exclus de la société vit dans la rue, l'espace intime, l'espace privé, l'espace social se confondent. Les rencontres que peut faire l'exclus se font alors en terrain neutre, jamais chez lui, lui qui « change tant d'adresses » (Florent Pagny). Les gestes d'approche sont souvent mal compris par les autres.

Conclusion

Les exclus de la société ne sont pas seulement les chômeurs. Ils représentent une classe bien plus complexe qu'on peut tout de même caractériser par une disparition plus ou moins prononcée de la perte de l'image du corps, la perte des repères dans le temps et dans l'espace.

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Yméo
jeudi 21 juin 2012 10:08

juste exprimer mon indignation devant tant d'indifférence de la part des personnes dites "intégrées" qui ne fait que renforcer chez ces chomeurs et autres le sentiment de mal aimés alors que meme un simple regard produirait beaucoup de chose; un regard, ça coute quoi?

Yméo
jeudi 21 juin 2012 10:08

juste exprimer mon indignation devant tant d'indifférence de la part des personnes dites "intégrées" qui ne fait que renforcer chez ces chomeurs et autres le sentiment de mal aimés alors que meme un simple regard produirait beaucoup de chose; un regard, ça coute quoi?

Titane
jeudi 6 décembre 2012 00:20

l'exclusion frappe à toutes les portes, mais l'indifférence est plus blessant que toutes les formes d'exclusions ou est passé l'AMOUR du prochain depuis le début du XXI siecles plus d'humanistes

Nina67
jeudi 6 décembre 2012 07:13

bonjour, je doute qu'il faille idéaliser le passé comme une époque où tout le monde vivait heureux. L'amour du prochain, si c'est une expression religieuse, pourrait décliner avec la religion en général, mais si Dieu est mort, il reste l'art pour développer une sensibilité collective. Le progrès technique n'a finalement rien à voir avec le progrès humain et il me semble qu'on n'est pas plus heureux aujourd'hui qu'autrefois, mais pas plus malheureux non plus. Cordialement