Légendes ou réalité, les feux follets parfois associés à des esprits trouvent des explications scientifiques. La chimie propose quelques tentatives d’explications de ce phénomène surprenant et très rare. Après une description des feux follets, quelques éléments scientifiques seront donnés dans cet article.

La photo ci dessous illustre un feu follet sur un étang. C’est la seule photo qui présente un caractère de vraisemblance : il s’agit d’une reconstitution d’un feu follet…

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Feu follet sur un lac (feu follet artificiel)

Origine des feux follets : phosphine et disphosphine

La décomposition anaérobie (dans un milieu sans oxygène) de matières organiques produit différents gaz combustibles comme le méthane ou la phosphine (aussi appelée hydrogène phosphoré). Pour qu’un feu follet prenne naissance, il faut que le gaz combustible soit spontanément inflammable à l’air : la combustion doit s’amorcer à température ambiante, contrairement au gaz de ville (méthane) qui a besoin d’une étincelle pour amorcer sa combustion.

Le gaz qui génère le feu follet doit contenir un élément dont la combustion est spontanée (pyrophorique) : c’est la diphosphine (formule chimique : P2H4). La phosphine (PH3) pure ne s’enflamme qu’à 150°C mais contient souvent des traces de diphosphine. Ces gaz sont par ailleurs extrêmement toxiques.

On admet que le feu follet provient de la combustion d’un mélange de méthane, de phosphine et de diphosphine. La diphosphine amorce la combustion du reste du mélange.

Note pour les chimistes : la phosphine pourrait logiquement s’appeler le phosphane (composé hydrogéné comme le borane, ou le méthane).

Description des feux follets : après les enterrements, dans les cimetières

La couleur du feu follet est décrite comme jaune, rougeâtre ou bleutée selon les cas. Un feu follet ne fait pas brûler ce qui est autour de lui, il ne roussit pas l’herbe sur laquelle il court. Cela évoque une lumière froide de type fluorescence ou phosphorescence plutôt qu’une réelle combustion. Sa durée est souvent inférieure à la minute. Certains promeneurs ont pu constater que le feu follet avait tendance à les suivre dans leur marche : le mouvement de la personne crée des turbulences dans l’air et le feu follet peut ainsi se déplacer plus rapidement à proximité de quelqu’un qui se déplace. Les feux follets se trouvent souvent au dessus des marais ou des tourbières : c’est là qu’on rencontre davantage de matières organiques en décomposition. Les gaz s’échappant au niveau du sol, il est plus fréquent de rencontrer les feux follets au niveau des jambes ou des pieds. Leur faible luminosité les rend invisibles le jour. Les rares témoins n’ont ainsi pu voir de feux follets que la nuit.

Aujourd’hui, les feux follets sont devenus encore plus rares dans les cimetières parce que les corps sont enterrés dans un cercueil hermétique.

On trouve très peu de photos de feux follets sur le net mais en revanche beaucoup de montages photos ou vidéos trompeurs ou artistiques (reflet d’un feu de cheminée sur une vitre, dessins, science fiction, jeux vidéo, etc).

On ne trouve en réalité qu’une photo sur le net, celle de la « reconstitution d’un feu follet » :

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Feu follet reconstitué (la seule photo vraisemblable !)

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Feu follet reconstitué (zoom)

Exemple de « feu follet » à partir de cadavre humain

Dans des circonstances bien particulières, une combustion spontanée de gaz (analogue au feu follet) est décrite dans Essai sur les combustions humaines de P.-A. Lair, édité en 1800 :

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Extrait de Essai sur les combustions humaines

On remarquera, en bon scientifique, les éléments nécessaires pour obtenir ce « feu follet » grandeur nature :

  • décomposition anaérobie (à l’intérieur de l’estomac, donc pas à l’air libre)
  • présence du « gaz hydrogène (…) quelquefois phosphoré » (c’est-à-dire la phosphine)

Ici, le « feu follet » est une décrit comme une « vapeur passagère » donnant « une lumière jaune tirant sur le vert »…

Le paragraphe (9) n’a aucun rapport mais témoigne d’un joli résultat de l’amour !

Confusions possibles sur les feux follets

A la façon du diagnostic différentiel dans le domaine médical, il ne faut pas confondre les feux follets avec d’autres choses qui peuvent lui ressembler. Voici donc quelques confusions possibles pour des feux follets… qui n’en sont pas :

– Feu saint Elme (lors d’un éclair imminent)

– Foudre en boule (ionisation de l’air)

– Décharges d’électricité statique (petits arcs électriques lumineux)

– Théorie de Derr et Persinger sur la tectonique des plaques (très controversée)

– Oiseaux blancs (exemple : chouette effraie) apparaissant sous la lune

– Bioluminescence

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La bioluminescence est peut-être évoquée dans Le bateau ivre de Rimbaud :

« J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,(…) Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs »

Autres noms des feux follets

Dans la littérature, on peut trouver d’autres noms pour le feu follet :

– petite clarté de nuit

– lumerelle

– feu de nuit

– feu de l’autre monde

– berger flamboyant

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Représentation de feux follets dans un marécage

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Vues d’artistes de feux follets la nuit dans un marais

Feu Follet (Will-o-Wisp) : un pokémon

Feu Follet est aussi un pokémon dont la caractéristique consiste à brûler le pokémon ciblé. On sait aussi que Feu Follet n’affecte pas les Pokémons de type Feu ou qui sont dotés du talent Hypersommeil.

Conclusion sur les feux follets

Loin d’être dangereux, les feux follets résultent de l’inflammation spontanée de gaz issus de la décomposition de matières organiques. Ils sont parfois confondus avec d’autres phénomènes naturels ou reproduits artificiellement, ou encore décrits par de faux témoignages.

Les feux follets sont rares et surprenants, plus rares encore aujourd’hui à l’époque des ce qui explique pourquoi ils suscitent tant l’imagination et les fictions.