A un certain moment de notre vie d’adulte, de grandes questions existentielles peuvent nous envahir. C’est ce que tente de décrire la crise de la quarantaine, ou crise du milieu de vie. De cette crise de la quarantaine surgit parfois une profonde remise en question de son existence, de ce qu’on en a fait jusqu’à présent et ce qu’on peut encore en faire. La crise de la quarantaine (ou de la cinquantaine…) est une crise identitaire qui peut concerner une majorité d’entre nous, souvent à notre insu.

La crise de la quarantaine : une définition

La crise de la quarantaine est une crise que peuvent traverser les personnes âgées d’une quarantaine d’années ou environ. Ce n’est pas tant l’âge qui compte mais ses raisons. A quarante ans, on a d’une part déjà parcouru du chemin et fait de grands choix dans sa vie, et d’autre part on prend conscience qu’il reste encore du chemin et des choix à faire. Cette prise de conscience est souvent appelée crise de la quarantaine, ou encore crise du milieu de vie (mid life crisis).

Les caractéristiques de la crise de la quarantaine sont variées et dépendent de chacun.e, de l’histoire personnelle mais aussi peut-être d’un événement déclencheur. Cela peut amener à une remise en question profonde, souvent mal vécue, parfois libératrice aussi, de sa propre vie menée jusqu’à maintenant.

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Lassitudes étonnantes de verres teintés

Les causes de la crise de la quarantaine

Certains sociologues considèrent que la crise de la quarantaine est due à des facteurs différents chez les hommes et les femmes, tant pour des raisons culturelles que biologiques. Pour éviter des interprétations sexistes, on peut citer quelques exemples sans considération de genre :

– sentiment d’incompréhension dans la relation de couple ou la vie de famille déjà constituée

– divorce

– épuisement (burnout) ou ennui (boreout) au travail

– épuisement parental

– licenciement

– décès d’un parent ou d’un proche

– réaliser que la jeunesse n’est pas éternelle

– vieillissement du corps et dégradation de l’image de soi (fatigue, cheveux blancs, rides)

– prise de conscience de la mort inéluctable

– deuil de grands rêves

– départ des enfants du domicile

– prise de conscience que l’âge de la procréation est passé (ménopause)

– accumulation de frustrations

– sentiment d’être coincé.e dans des responsabilités insurmontables

Quelques caractéristiques de la crise de la quarantaine :

– remise en question de tout

– envie de vivre des expériences intenses (voyages, sports extrêmes, etc)

– ne pas se reconnaître dans la vie qu’on s’est créée

– prise de conscience pénible du temps qui passe et qui est déjà passé

– questions existentielles sur le sens de sa vie

– passages dépressifs répétés

– perte de motivation

– envie de refaire sa vie avec une personne plus jeune (symptôme du démon de midi)

– et au fond : « Qui suis-je ? »

Il arrive que la crise de la quarantaine soit contagieuse, surtout dans la famille. Chacun doit la vivre et il souvent inutile de tenter de raisonner le conjoint ou la conjointe atteinte de cette crise. Au contraire, une certaine prise de distance permet à l’autre de se retrouver et de travailler à cette crise qui est identitaire.

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Si, j’existe. Crise de la quarantaine ?

Le démon de midi : la crise de la quarantaine dans le couple

De nombreux hommes peuvent succomber au démon de midi tentateur et vivre une aventure extraconjugale vers cette période de leur vie (40 – 55 ans environ). Le démon de midi n’apparaît pas dans les statistiques mais exprime l’envie « d’aller voir ailleurs ».

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L’herbe est toujours plus verte dans le jardin de la voisine. Les apparitions du démon de midi sont probablement favorisées par l’illusion qu’entretiennent les sites de rencontres où tout semble possible, tout est interchangeable et consommable. Cela interroge sur la fidélité. L’un.e des deux s’était en effet souvent accomodé.e d’une vie de couple assez routinière quand l’autre a sauté vers une passion grand format, fugace et brillante.

« Car Paris, c’est vouloir embrasser longuement et profondément les lèvres d’une femme sur n’importe quel pont.« (Antoine Bihler, Les Mille Et Deux Nuits)

L’expérience est grisante mais laisse un sentiment de solitude bien moderne. Pour l’autre, le chagrin et la colère d’être trompé.e se mêle à un sentiment d’incompréhension.

Age de la crise : la quarantaine, mais aussi les autres dizaines

Selon les articles, les auteurs et les sources d’information, la crise de la quarantaine n’arrive pas toujours à la quarantaine, mais aussi à la trentaine ou la cinquantaine. Il s’agit pourtant bien de la même idée : une crise existentielle sur sa vie, ce qu’on a déjà vécu et ce qu’on souhaite vivre pour le temps (encore long) qui reste à vivre. On trouve ainsi des recherches faites sur la crise d’autres décennies. Cela peut être apaisant de constater ne pas être seul.e à se poser ce type de questions profondes.

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Crise de la quarantaine, mais aussi trentaine, cinquantaine…

Finalement, chaque dizaine offre sa crise dans les moteurs de recherche ! Avec ironie, on peut constater que la crise n’est censée arriver ni à la dizaine ni à la centaine :

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Crise de la centaine : pas de crise

L’espérance de vie actuelle n’offre pas encore de nombreux internautes curieux de l’arrivée aux cent ans. La crise de la centaine serait, selon certaines mauvaises langues, la crise cardiaque ! Quant à la crise de la dizaine, elle peut être ramenée à la crise d’adolescence et n’a rien à voir avec la crise du milieu de vie.

On parle de la quarantaine, mais il s’agit en fait de la temporalité de chacun.e. On peut citer Albert Camus qui considère dans la philosophie de l’absurde l’homme de trente ans :

« Un jour vient pourtant et l’homme constate ou dit qu’il a trente ans. Il affirme ainsi sa jeunesse. Mais du même coup, il se situe par rapport au temps. Il y prend sa place. Il reconnaît qu’il est à un certain moment d’une courbe qu’il confesse devoir parcourir. »

On découvre là la lassitude d’une existence où « pour tous les jours d’une vie sans éclat, le temps nous porte. » (Albert Camus).

Après la crise de la quarantaine, que faire et que devenir ?

Il n’existe point de remède miracle pour soigner la crise la quarantaine, comme on soignerait une petite toux ou un petit bobo. Cependant la crise de la quarantaine est une occasion formidable pour s’éveiller à sa vie intérieure, ses émotions, ses valeurs profondes. Le développement personnel peut être une ouverture vers davantage de sérénité et de connaissance de soi. Renoncer à de grands rêves et apprendre à en faire le deuil est nécessaire pour bien vivre les futurs deuils qui viendront, dont l’ultime est celui de sa propre existence. On peut découvrir des pratiques de méditation, un apprentissage spirituel ou d’autres éléments qui ouvrent sur quelque chose jusqu’alors inconnu. En pratique, on peut investir un engagement social ou humanitaire, reprendre des projets mis de côté, changer de travail (de façon raisonnée), rééquilibrer sa vie quotidienne et revenir à ce qui nous est essentiel.

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Equilibre nouveau après la crise de la quarantaine ou de la cinquantaine

Pour fermer la porte au démon de midi, certains conseillent de retrouver une communication sincère et authentique au sein du couple, d’éviter une jalousie excessive ou de réfléchir sur sa part de responsabilité. D’autres mettrons du piquant dans leur vie intime pour lui redonner un souffle. Mais tout ne se résume pas à la vie sexuelle et le bonheur ne doit pas dépendre de l’autre, mais de sa propre vision de la vie.

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Soleil de midi loin du démon de midi (à Venise)

Etant donné que la crise du milieu de vie peut concerner une majorité de personnes, il peut être intéressant d’en parler autour de soi, de voir les réactions des autres qui, peut-être sans le savoir, vivent quelque chose de semblable qu’ils n’avaient pas su nommer. La littérature accessible sur le net montre que le sujet est tout de même connu et il est apaisant de se sentir moins seul.e face à ce questionnement intime et personnel.

Et à deux fois quarante ans ? La vieillesse après la crise de la quarantaine ?

« Je ne suis pas vieille », a affirmé une femme de 80 ans. Sur le coup cela fait sourire, mais en y repensant je me rends compte que si le mot « vieille » lui fait horreur, ce n’est pas simplement par coquetterie. Si je me souviens de la façon dont j’ai trop souvent regardé les personnes qui portent les stigmates de la vieillesse, si je pense à la façon dont on parle d’elles (ou dont on n’en parle pas), je peux comprendre que cette femme ne veuille pas être qualifiée de vieille. Je comprends qu’elle n’ai pas envie d’être regardée avec condescendance, qu’elle n’ai pas envie qu’on l’écoute seulement pour lui faire plaisir.

Veillir aujourd’hui n’est-ce pas vivre un exil progressif ? S’il n’en était pas ainsi, le mot « vieux » (mot qui désigne quand même à la base un phénomène on ne peut plus naturel et banal) ne serait pas devenu une insulte. On n’userait pas d’euphémismes qui doivent être remplacés tout les deux ans tant ils se périment vite (personnes âgées, séniors, anciens, ainés, et bientôt : jeunes depuis fort longtemps). Avec les premiers signes de la vieillesse, on se met à vous regarder différemment, à vous prendre moins au sérieux. Avec la maladie et la dépendance vient la pitié et l’isolement. La dernière station de l’exil, c’est d’être bloqué.e dans le lit d’une EHPAD, où l’on dira à votre sujet : « Ce n’est pas une vie ». Ce qui rend les EHPAD si tristes, ce n’est pas seulement la triste réalité des corps qui cèdent sous le poids de l’âge et de la maladie, c’est aussi (et peut-être d’abord) la tristesse de l’exil. C’est parce que nous les soignons (ou les maltraitons) à partir de ce regard-là, ce regard qui dit : « Ce n’est pas une vie » Après tout, j’ai déjà croisé des personnes qui n’étaient pas malheureuses en EHPAD. Elles avaient un point commun : elles s’en fichaient éperdument du regard des autres.

Si tant de gens font grève pour deux années de retraite, c’est parce que ces deux années sont potentiellement les dernières avant le commencement de la vieillesse, et donc de l’exil. On ne sait pas, c’est une loterie, une épée de Damoclès. Je comprends qu’on se batte pour ces deux années, mais je m’étonne que si peu de monde se batte pour que ces 5, 10, 15, 20 années de vieillesse, de fragilité et de dépendance puissent se vivre autrement.

Mot de la fin

La crise de la quarantaine est une remise en question profonde de ses choix de vie et du cap à prendre pour la seconde moitié de vie qui reste. La prise de conscience du chemin qu’on a déjà parcouru suivi parfois d’un événement déclencheur amène à la crise de la quarantaine. Mais cette crise peut aussi être un retour libérateur à l’essentiel, à ses vraies valeurs et s’éveiller à un lâcher prise qui mène à accueillir notre vie et ses émotions. Et pour l’avenir, transformer cette crise de la maturité en une nouvelle naissance.

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Lointaine contrée sous un fugace lever de soleil : avancer pour dépasser la crise de la quarantaine