Piano électrique Wurlitzer A200 : réparation

Le piano électrique Wurlitzer A200 est un piano électrostatique. Le signal électrique est généré par le mouvement de plaques métalliques qui jouent le rôle d'une armature de condensateur, ce qui fait la particularité de cet appareil. Cet article présente la restauration d'un modèle de ce piano électrique.

Les pianos électriques ont fait leur apparition vers la fin des années 1920. De 1913 au début des années 1920, l'industrie du piano acoustique a connu une chute importante de ses ventes en raison de l'avènement du phonographe et de la radio, et on a estimé que l'industrie du piano avait besoin d'un sérieux coup de fouet. Au début, plusieurs tentatives ont été faites pour modifier le piano acoustique. Un instrument, le Crea-Tone, s'est fait un nom et peut être considéré comme un tremplin entre le piano acoustique et le piano électrique. Le Crea-Tone utilisait des circuits de rétroaction électrique montés sur un piano pour produire des notes soutenues à l'infini.

Plus tard, au début des années 30, est apparu le piano électronique Miessner. Il utilisait un capteur électrostatique sur chaque note d'un piano adapté : lorsque la corde était frappée, la capacité entre la corde et le capteur variait, ce qui produisait une tension oscillante. Différents positionnements des capteurs le long des cordes produisaient diverses variations tonales. Les conceptions de Miessner ont ensuite été reprises par plusieurs fabricants.

Sonorité du piano Wurlitzer

La principale différence entre le Wurlitzer et le Rhodes est que le premier utilise des bandes métalliques, appelées anches, comme source sonore. Celles-ci tendent à donner un son beaucoup plus ample que les dents du Rhodes, bien qu'elles aient leurs inconvénients. La durée d'utilisation du Wurlitzer est inférieure à celle du Rhodes, le Wurlitzer ayant un clavier de 64 notes. Le Wurlitzer est également un instrument plus difficile à accorder, car il faut ajuster la quantité de soudure à l'extrémité de chaque anche, ce qui peut prendre beaucoup de temps. Le problème ici est un ensemble de crachottements/grésillements audibles quelle que soit la position du bouton de volume. Ce crachottements peuvent être très faibles ou rendre le piano inutilisable, cela dépend des jours...

Piano électrique A200 Wurlitzer à réparer

Le piano A200 est équipé de deux petits haut-parleurs et d'un amplificateur intégré, ce qui est tout à fait suffisant pour un usage domestique, mais un amplificateur et des haut-parleurs externes seraient évidemment nécessaires pour un travail en direct. Une prise pour casque d'écoute est également prévue pour satisfaire les voisins. Le clavier du Wurlitzer a une action très agréable et la sensibilité au toucher est sensible de la bonne manière (pour moi, en tout cas). Cependant, aucun de ces instruments ne sonne de la même manière qu'un piano acoustique. Tous les deux ont leurs propres caractéristiques et sont devenus finalement la norme à laquelle les autres peuvent être comparés.

Ampli de puissance du piano Wurlitzer A200

L'amplificateur est assez classique. L'étage différentiel basé sur TR-7 et TR-8 est polarisé par la résistance 28 (10 k) alimentée par le régulateur +15 V. Le courant est donc d'environ 1,4 mA et se partage entre TR-7 et TR-8. L'impédance d'entrée est fixée par la résistance 27 et vaut 15 kOhms.

L'amplificateur en tension repose sur TR-14 et son condensateur 11 "Miller" (100 pF) qui assure la stabilité tout en fixant la bande passante. L'alimentation en courant est assurée par un montage bootstrap. La polarisation de l'étage de sortie se fait avec TR-9 qui fixe à 1,2 V environ la polarisation entre les bases des drivers (TR-10 et TR-12). La résistance 58 doit être choisie pour qu'il y ait 1 à 10 mV aux bornes de R37 (0,47 Ohms / 2 W) lorsque le haut-parleur est déconnecté. On fixe ainsi le fonctionnement en classe AB.

L'étage de sortie est complémentaire (un driver PNP associé à un transistor de sortie NPN, et vice versa). Dans le piano Wurlitzer ici démonté, la résistance 58 vaut 680 Ohms et la tension aux bornes de R37 vaut plutôt 0,3 mV. La polarisation est légèrement inférieure (on mesure 1,12 V entre les bases), ce qui est prudent. En effet, le transistor TR-9 n'est pas fixé au radiateur et n'est pas couplé thermiquement aux transistors de puissance ni aux drivers. L'éventuellement distorsion de croisement est inaudible.

Des fusibles 2 A sont insérés en série avec les résistances de 0,47 Ohms. La tension de sortie doit présenter un offset inférieur à +/-100 mV.

Le gain de l'ampli est d'environ 69, fixé par les résistances 31 et 32. Il vaut 1 + 15000/220.

Craquements dans l'ampli du piano : les transistors d'entrée en cause

Ce piano électrique présentait des craquements forts et intermittents audibles, quelle que soit la position du potentiomètre de volume. Cela permet de déduire que l'origine des craquements et crachottements se trouve "après" le réglage de volume.

L'origine du défaut vient de l'étage différentiel d'entrée TR-7 et TR-8 :

Transfo d'alimentation du piano électrique Wurlitzer A200

Préamplificateur ("reed bar")

Autres modifications du piano électrique

Pour compléter la réparation de ce piano électrique, on peut aussi remplacer les condensateurs de liaison. Les condensateurs d'alimentation ont été remplacés (mais les anciens étaient encore bons !) ainsi que les condensateurs 330 nF pour l'alimentation 150 Volts de la barre du piano ("reed bar").

Piano électrique A200 Wurlitzer : une belle réalisation

"Wurlitzer electronic piano" : une belle sérigraphie

Volume et vibrato sur le piano électrique A200