Aimer et être amoureux ? Aimer ou être amoureux ? De nombreux articles présentent en effet les différences entre aimer et être amoureux, et même si c’est une question de vocabulaire, différentes notions se cachent derrière ces précieux mots… d’amour.
Aimer ou être amoureux, telle est la question. Et aucune réponse ne peut être simple ni unique. On peut commencer par décrire ce que pourrait être l’état amoureux et l’action d’aimer.
Aimer, être amoureux…
« Parfois, on se regarde, on se sourit, on s’aime un peu, très vite, avec les yeux. » (Jean-Michel Maulpoix)
Aimer ou être amoureux, faut-il choisir ?
Sur le net, de nombreuses pages soulignent les différences entre aimer et être amoureux. Vous-même, vous vous interrogez sur cette différence, vous vous dites peut-être même qu’il n’est pas bon de confondre les deux. Alors décrivons « aimer » et « être amoureux »…
Etre amoureux, un état
Etre amoureux est un état intérieur qui nous envahit, qu’on ne choisit pas. Justement, grammaticalement, « être » est un verbe d’état, pas un verbe d’action.
L’émotion amoureuse caractéristique du coup de foudre est un état extrêmement intense, mais qu’on sait aussi passager. L’intensité y souvent décrite, avec la poésie des mots doux, par l’éternité de l’amour : « je t’aimerai toujours » ou un grandiloquent « A jamais mon Amour… ». André Breton dans L’amour fou, décrit ce tumulte effréné avec intensité et subtilité : « Tous les rêves, tous les espoirs, toutes les illusions danseront, j’espère, nuit et jour à la lueur de vos boucles (…). Les cavaliers mystérieux et splendides passeront à toutes brides, au crépuscule, le long des ruisseaux changeants.«
Dans l’état amoureux, le lyrisme inonde de nombreux écrits ou créations pour témoigner de cette sorte d’amour vécu intérieurement et passionnément. L’état amoureux permet à chacun de se prendre, l’espace d’une minute, pour cet artiste incompris au grand talent, pour cet écrivain d’un romantisme échevelé qui pose des mots dignes de Goethe dans Les souffrances du jeune Werther.
« Sens mystérieux que l’amour prête à la fleur morte » (Colette, Le blé en herbe)
L’état amoureux est ainsi du même ordre qu’un état modifié de conscience, autant d’un point de vue de la chimie du cerveau que d’un état intérieur. C’est ce que l’on vit chaque fois qu’on tombe amoureux. De nombreuses expériences d’état modifié de conscience apportent un fort sentiment d’amour qui submerge, parfois d’amour vécu comme inconditionnel, avec « pour corollaire une connexion avec le divin » (Benny Shanon sur le thème du chamanisme).
Ivresse de l’amour : un paroxysme de l’état amoureux
Cet état modifié de conscience correspond aussi à une extrême lucidité sur soi, sur le sens de sa vie, de même que lorsqu’on est amoureux, tout semble s’organiser selon cet amour. Etre amoureux, c’est sentir qu’on appartient à quelque chose d’exaltant, de plus vaste, plus universel.
On peut aussi s’interroger sur « aimer être amoureux ». On peut rechercher l’état amoureux comme une fin en soi, pour avoir sa « dose » d’émotions fortes. Etre amoureux est alors plutôt un lâcher prise avec la réalité, une ivresse liée à l’amour mais sans alcool : aimer être amoureux comme aimer les sensations fortes et l’exaltation des émotions. Cette recherche pourrait ressembler à la méditation, à l’exaltation de nos sensations et à l’importance donnée à l’instant présent. Etre amoureux est alors être présent au monde, le sentir et le vivre pleinement. Celles et ceux qui aiment être amoureux attendent en quelque sorte un prétexte pour tomber amoureux.
Aimer, verbe d’action
Aimer, c’est s’engager dans une démarche volontaire dans une relation à long terme. Grammaticalement, « aimer » est un verbe d’action, pas un verbe d’état.
« Aimer, c’est donner de son temps » (Jean-Michel Maulpoix)
Aimer, c’est choisir la personne parmi toutes celles dont on pourrait être amoureux. Aimer, verbe d’action, est un choix. On peut voir le fait d’aimer comme la continuité de l’engagement malgré les fluctuations de l’état amoureux qu’on ne peut pas (se) promettre à vie. Aimer structure une relation basée le respect, la fidélité, le secours et l’assistance pour reprendre des termes du mariage (article 212 du code civil). Il est possible et (trop ?) raisonnable de choisir d’aimer toute une vie, même sans être amoureux. Aimer sans être amoureux pourrait offrir une sérénité qu’il est possible d’atteindre après des années de vie commune.
Aimer, verbe d’action
Aimer, c’est pouvoir imaginer l’autre aujourd’hui avec des cheveux blancs après avoir traversé l’aventure de projets à long terme qui, eux aussi, auront donné du sens à notre vie déjà bien remplie. Et là, ce sont nos actions de tous les jours plutôt qu’une affectivité débordante qui expriment le fait d’aimer : « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour » écrit Gaston Leroux. Lire le récit de sa vie pour la poursuivre encore permet de sentir qu’on contribue, dans l’histoire commune du couple, à bâtir le monde.
Choix multiples : que choisir ?
Aimer et être amoureux
Il ne semble pas toujours positif de chercher à dissocier « aimer » de « être amoureux ». Aimer et être amoureux de la même personne pourrait être un idéal d’épanouissement dans la relation. L’état amoureux apporte un complément dynamique et pétillant à la démarche d’aimer.
Aimer ou être amoureux, pourquoi pas les deux ?
On pourrait penser qu’être amoureux et aimer se différencient au point de s’opposer. L’état amoureux est un état émotionnel non volontaire, exaltant et plein d’illusions. Aimer est un verbe d’action, mais aussi d’actions. En effet, nombreuses sont les actions qui expriment l’engagement d’un amour au long cours dans la perspective d’une vie – non de l’éternité.
Mais on peut aussi vivre l’état amoureux et partager la démarche d’aimer avec la même personne : être amoureux et s’aimer aujourd’hui moins que demain.
Témoignage d’un amour naissant et né…
Bonne lecture de ce témoignage
Agathe
Ami de mon cœur, je commence les préparatifs pour mon départ, et je ne me rends pas vraiment compte que je vais en Irlande. Tu sais, ça fait longtemps que je veux y aller, et j’idéalise tellement l’endroit que ça me paraît inconcevable que je m’y rende… Je ne prendrai pas l’avion, j’y vais en bus. Je sais que ça va être long, deux jours, mais peut être aurais-je la chance de voir un lever de soleil dans les montagnes, comme je l’ai vu dans le désert d’Abou Simbel, en Egypte. Et sûrement, je serais ensommeillée en ce début de jour, mes yeux voudront se fermer, mais je les tiendrais ouverts, et je serais seule, avec mon soleil et la montagne, tellement j’oublierais les autres et le bus…
Pour en revenir à ce que tu disais, (pardonne moi d’être si distraite, je suis un peu nerveuse, à vrai dire.), je suis née dans une famille assez libérée, la preuve c’est que mes parents sont toujours mariés et pourtant vont « voir ailleurs » et en parlent tout haut même si ça peut mettre mal à l’aise les autres, y compris moi, et n’ont un peu rien à foutre de ce que l’on pense, enfin bref je ne sais pas pourquoi je te dis ça maintenant, je ne vais pas te parler de mes parents parce que ça risque de ne pas vraiment t’intéresser, mais hélas c’est ce que je suis en train de faire. Ma phrase est trop longue. Je disais à Justine de ne pas faire de phrases de plus de quatre lignes, et celle la doit en faire plus. Et en revenant au problème, et surtout en y réfléchissant, non, je ne pense pas qu’on met ses vêtements pour se cacher, parce qu’il n’y a rien à cacher, et qu’on est tous pareil. On essaye de faire ressortir sa personnalité à travers ses habits, avec des marques, des slogans, des couleurs ou du sombre, ou alors on essaye de ne pas se mettre en valeur. C’est bête, ce que je dis là, excuse moi. Et je me rends compte que plus je réfléchis à mon message, plus je dis des conneries. ^^ Je ne veux pas apparaître comme superficielle à tes yeux, et j’ai tellement peur de mon image que je ne sais pas comment me rattraper…
Je t’embrasse très fort, à bientôt.
Nimantic
Coucou, si tu commences les préparatifs du voyage, c’est que psychologiquement, tu es déjà partie, tu es déjà dans le « trip », « in the move », comme ils diraient de l’autre coté de la Manche ! Le voyage a déjà commencé, puisque tu t’actives pour, tu le rêves en avance. N’aie pas peur de paraître stupide ou égocentrique à mes yeux, pourquoi dis tu cela? Si c’est ce que je pensais, je t’en ferais tout de suite part, c’est important de dire des choses vraies pour être authentique. Par exemple, j’ai peur que tu m’oublies pendant ton voyage parce que tu auras rencontré des garçons, je te fais part de cette peur parce que c’est ce que je ressens. Là aussi, rien ne nous lie officiellement, chacun est libre, et pourtant ce sentiment de peur existe en moi… Bizarre, non? Ton image? En ai je réellement une? Je crois qu’elle se dessine au fur et à mesure, elle se précise, s’efface par endroits pour se retracer un peu différemment. Toujours dans des traits que j’aime, cette hésitation touchante, cette peur du ridicule qui fait faire des prouesses, j’aime ta façon de penser, de vivre les choses, j’aime ta façon de voir les levers de soleil, à bord d’un car qui sort de la nuit. Prends une photo du lever de soleil, non pas pour ce qu’il sera en soi, mais pour l’impression qu’il dégagera. Et puis l’Irlande, la magie qui existe. Il n’y a rien de plus beau que de tomber sur des fragments d’histoires racontées, de chanson. Ces coïncidences sont les plus heureuses du monde. Ainsi entreras tu dans la réalité par la porte du rêve. J’aime tout ce que tu racontes. J’aimerais dire simplement, le plus simplement du monde « je t’aime », mais cela m’inquiéterait parce que quelle définition donner à cet amour? Peut être aucune qui ressemble à l’amour qu’on décrit partout, celui entre deux personnes qui se tiennent la main ou qui partagent un moment intense de tendresse. Je me sens faible de dire cela, de balbutier des mots privés de leur sens complet, entier. A ma façon, j’ai aussi peur de paraître ridicule en bafouillant sur ces sentiments là. Avec le sens que je peux donner, c’est à dire dans la mesure précise ou nous nous connaissons, ou nous partageons ces émotions là, je te l’écris quand même, pour faire beau parce que c’est beau : je t’aime.
Agathe
Un sourire heureux s’inscrit sur mon visage ce matin, je viens de lire ton message. Heureux, non, mieux encore… Je te remercie, encore, de me rassurer et de me redonner confiance en moi. Peut-être que sans toi je serais-je triste, en cet instant là, pensant que personne ne fait attention à moi, ou quelques inventions de la sorte. Hier soir je me suis dis qu’il fallait que je te parle de mes sentiments, pare que je les ressens de plus en plus. Mais tu m’as précédée, et je voulais quand même te dire, dans la folie et les mots d’un amour d’enfants, que moi aussi je t’aime. Et j’ai cœur gros quand j’écris ces mots, que j’attendais depuis le début, et enfin qui sont là, juste devant mes yeux… Si tu ressens ce sentiment de peur, ça doit être que tu tiens vraiment à moi, et j’en suis touchée. Mais tu n’as aucune raison d’avoir peur, parce que ce que je ressens pour toi est tellement fort, et même si je te connais à peine, que les gens là bas me rappelleront la tristesse et la banalité du monde, et que seuls la terre d’Irlande, la verdure, les chevaux, le nature et le ciel me réjouiront, parce que c’est ce que j’aime. Pas une minute ne passera sans que je pense à toi, et je t’écrirai le plus souvent possible, je te le promets. N’oublie pas que je t’aime…
Nimantic
Bonjour Agathe, Comme dans la chanson « T’avais des yeux d’enfant, des yeux couleur de l’océan », nous bafouillons pour parler de nous, la vie est faite de cette maladresse. On devrait parfois inventer davantage de mots. C’est étonnant que nous ayons pensé vers le même moment à cet amour, comme un fruit mur qu’on vient à cueillir et à observer longuement, avant de le manger. A ce moment là, je m’imagine avec toi, dans la campagne, assis contre un pommier, avec cette pomme rouge dans les mains. D’ailleurs, pourquoi dort on sous un arbre la nuit à la belle étoile, comme si on voulait s’abriter de messages inconnus, ceux qui paraissent quelques fois dans les traînées d’étoiles. Le cœur gros? Ce qui montre bien que le cœur n’est pas vide, mais plein, un trop plein qui déborde d’émotions et de larmes. Je pleure parce que je t’aime. J’ai vu l’Irlande en photos, j’ai surtout remarqué les pierres qui sont partout sur l’herbe, un ciel gris, parfois la pluie, pour que tu puisses m’écrire : « j’étais trempée, et je suis restée là, émerveillée ». Peut-être que je retrouverai cette phrase si tu m’envoies une carte, enfin une lettre… D’ailleurs, cela me permettra de voir ton écriture, elle me paraîtra familière. Les gens ne s’émerveillent pas assez, voilà qui est frustrant. On s’habitue au monde, on s’enfonce dans son confort bien au chaud à regarder la pluie par la fenêtre fermée. J’ai refusé ce mode de vie trop fade, j’espère qu’il y aura toujours des levers de soleils colorés, des matins bouleversants, quand un nuage hésite sur la couleur qu’il va prendre. Le monde est banal si on le voit de façon banale. Je vais finir ce message avec ce poème qui parle de toute la beauté d’une météo désagréable pour les autres (en fait, tu me fais aimer la pluie^^) « Il pleut. C’est merveilleux. Je t’aime ». A très vite.
Agathe
Cher amour, j‘espère de tout mon cœur avoir la chance de vivre avec toi une nuit à la belle étoile, rien que tout les deux, et les milliers d’étoiles juste au dessus de nous… Peut être verra-t-on des étoiles filantes, alors il faudra faire un vœux. Et je me demande ce que je penserais, à cet instant. Tu as raison, je pense que le monde s’accorde à nos sentiments, à nos impressions, ou alors est-ce notre perception qui change. Aujourd’hui je le vois tout en couleurs et en nuances, même si je suis dans la lune et que je n’écoute pas vraiment quand les gens me parlent. Alors qu’il n’y a pas longtemps, tout était gris et la pluie ennuyeuse. C’est toi qui change le monde. Qui le rend plus beau, immensément plus beau et plus intéressant. Je pars demain… Et c’est avec tristesse que je devrais te dire au revoir ce soir, je t’enverrai un message avant de me coucher.
A ce soir, Je t’aime.
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